Et si dieu n'aimait pas les noirs? de Serge Bilé et Audifac Ignace





 L’huissier du Vatican, qui lui fait visiter son logement, à son arrivée, lui lance, hautain : "Regardez-bien l’état dans lequel on vous donne cet appartement. Ce n’est pas pour faire vos saletés africaines ici !"





Auteurs: Ignace Audifac et Serge Bilé
Éditeur: Pascal Galodé
Collection: Univers documents
Site web: www.pascalgalodeediteurs.com/
Synopsis: En janvier 1944, alors que les armées alliées font route pour libérer Rome occupée par les nazis, le pape Pie XII exige, curieusement, qu'aucun soldat noir, africain, antillais, ou américain, ne soit déployé aux portes du Vatican. En août 1988, le secrétaire particulier de Jean-Paul II, l'évêque zaïrois Emery Kabongo, est sauvagement agressé, officiellement par des inconnus, à Castel Gandolfo, la résidence d'été du souverain pontife pourtant si bien gardée. Aujourd'hui, les prêtres africains, en poste ou de passage au Saint-Siège, se disent discriminés. Plusieurs ont même été bannis, pour avoir prolongé leur séjour italien, au-delà de la limite autorisée. Ils sont désormais mendiants et sans papiers. Quant aux religieuses africaines, que les congrégations romaines font venir, pour palier la crise des vocations, elles constituent une main d’œuvre corvéable à merci. Désemparées, beaucoup d'entre elles échouent dans la prostitution ! Ce livre, fruit d'une minutieuse enquête, dévoile les ombres et contradictions d'une institution, qui n'arrive toujours pas à se débarrasser de ses propres préjugés sur les Noirs, qu'elle considérait jadis à l'image, non pas de Dieu, mais du diable !
Ma note: 5/10


ᚠ 

MON AVIS

Je suis resté assez mitigé après la lecture de cet ouvrage. Trop de raccourcis, de facilités par le stéréotype. Sous titré "Enquête sur le racisme aujourd'hui au Vatican", la narration est dirigée et non plus objective. Je trouve cela extrémement dommage, le tout se base pour le principal de son contenu, sur des citations.  Des "preuves" peu tangibles, beaucoup de préjugés et de gros clichés. Je ne met absolument pas en doute ce qui ressort de ce livre, mais le "tous les religieux italiens sont des sales racistes, les noirs africains sont tous opprimés". c'est un abrégé un peu léger, mais c'est grosso modo ce que j'en retiens malheureusement. Ce que j'ai appris en revanche et qui n'est pas vraiment de notoriété publique, il me semble, concerne les prêtres sans papiers et les religieuses prostituées. C'est la que se tient tout l’intérêt du livre. Des prêtres étrangers envoyés en Italie pour parfaire leur études de théologie, avec une bourse de 400 euros pour la plus élevée (pour payer nourriture, appartement et vétements). 

Bien souvent ils sont obligés de s'armer de petits boulots et leur études en pâtissent inévitablement, si bien que le cursus demeure incomplet, leur carte de séjour se périme et leur seul recours reste l'illégalité. Afin de ne pas repartir bredouille au pays, ils deviennent sans-papiers. Quand aux religieuses, on se doute qu'il s'agit du même cas de figure qui les forcent à se vendre, voire même de finir dans des "maisons". Appartenant la plupart du temps à des évêques ou des cardinaux... 

Visiblement ça se sait, mais cela reste tabou. C'est une forme de racisme ordinaire qui rejoint les goûts douteux de nos politiques pour les petits enfants prostitués des pays exotiques. ça se sait, mais on n'en parle pas. Les allégories fantasques vis a vis des religieux noirs africains sont ignobles de bêtise. Notamment sur le fait que les prêtres africains seraient incapables de "célibat" ou bien qu'ils seraient "davantage proches du primate que de l'homme moderne". C'est consternant tellement le racisme engloutit la matière grise. 

C'est un document intéressant, mais il conserve une part de victimisation qui m'échappe.


EXTRAITS 

 Quant aux religieuses africaines, que les congrégations romaines font venir, en grand nombre, pour palier la crise des vocations, elles constituent une main d’œuvre corvéable à merci. Désemparées, des dizaines d’entre elles ont échoué dans la prostitution, allant jusqu’à planifier leurs rendez-vous galants depuis l’intérieur même de leurs couvents !


La scène est rapportée dans le livre de Serge Bilé et Audifac Ignace. Elle se passe en 1985. Un cardinal burkinabé, Paul Zoungrana, concélèbre la messe de clôture du synode extraordinaire à la basilique Saint-Pierre de Rome. Il est malade et en petite forme. Assez en tout cas pour inquiéter son compatriote, prêtre lui aussi, qui l’accompagne. Ce dernier, sans attendre la fin de la cérémonie, s’avance vers le cordon de sécurité, mais se heurte à un vigile italien. Il insiste pour récupérer Zoungrana, en expliquant que celui-ci est souffrant. Mais, le vigile, qui ne veut rien entendre, lui répond aussi sec : "Qu’est-ce que j’en ai à foutre de votre cardinal !"

Autre lieu, autre prêtre. Lui est malgache. Il s’appelle Edmond Velonzara. Il a secondé, pendant quatre ans, dans une paroisse de la banlieue romaine, un vieux curé italien, qui n’a eu à son endroit que mépris, morgue, et sarcasmes, au point d’ailleurs de ne jamais l’appeler par son nom : "Il disait toujours l’Africain ou encore ce nègre en parlant de moi !", raconte, avec tristesse, l’infortuné Malgache. Des mésaventures comme celles de Zoungrana et Velonzara, on en trouve à foison dans le livre de Serge Bilé et Audifac Ignace. Scènes de racisme ordinaire, qui n’auraient, somme toute, rien d’extraordinaire, si elles n’avaient pour théâtre le Vatican, haut-lieu par excellence de la chrétienté, et ses environs.  

INTÉRÊTS: Les révélations sur les conditions de vis des étudiants étrangers (Je dirais que j'ai trouvé cela intéressant, davantage que j'ai pris de plaisir à l'apprendre, bien évidemment).
REGRETS:Le racisme ordinaire banalisé, l'impression de victimisation complète imposé par les auteurs.

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