Le silence des étoiles de Sanäa K



Auteure: Sanäa K
Édition: MARAbulles
L'histoire:
Le silence des étoiles" nous plonge dans le quotidien  d'une jeune femme, carrière, peine de coeur, amitié, indépendance. Comment avancer lorsque l'on se perd en chemin.
 
Mot de l'autrice : L'autrice, illustratrice et peintre française Sanaa K tient un blog ainsi qu'une page Instagram, elle y publie ses humeurs. Elle vit en banlieue parisienne. 
Ma note: 10/10


   
Je suivais Sanäa K depuis quelques années via son blog. J'étais assez fasciné par son coup de crayon.  Si bien que lorsque j'ai appris qu'un bon gros pavé illustré et écris par ses soins allait être édité, j'ai foncer l'acheter la première semaine de sa sortie (pour n'en faire une chronique que des mois plus tard, mais c'est une autre histoire).
Cette bande dessinée est comme un petit bonbon. Le livre objet est sublime, le format original et appréciable. Je me suis retrouvé à une lointaine époque où je lisais des énormes recueil relié du petit Spirou, j'ai retrouvé cette sensation d'antan au fil des pages. La narration fluide, l'atmosphère est magique, tantôt drôle et tantôt poignante.
Pourtant l'histoire est beaucoup bonne enfant que dans ma jeunesse. C'est une histoire actuelle, celle de Sanäa, celle d'une relation, celle d'amitiés, celle d'une incarnation. Le mal que l'on se fait. Le parcours d'une jeune fille pour apprendre d'elle-même, au travers d'une rupture, de son métier d'artiste, de ses galères, de ses amitiés,  de ses passions. C'est la résilience, l'accomplissement dans toute sa splendeur.
J'ai été très touché par cette histoire, pour bien des raisons qui me sont personnelles. J'en remercie l'autrice. Le chagrin d'amour y est dépeint avec tant de justesse et de force que cela m'a percuté.
Le graphisme est véritablement magnifique, je pouvais rester de longues minutes a détailler les illustrations, à déceler les petits détails, qui font notre quotidien à vrai dire.
En résumé, c'est un ouvrage inspirant, plein de charme et d'espoir que je recommande à tous sans la moindre réserve.





Intérêts: L'histoire, les personnages, les thématiques abordées, le DESSIN !
Regret: J'ai besoin d'une suite !

Will you stay ? d'Alicia Garnier



Auteure: Alicia Garnier
Édition: Auto-Édition
L'histoire:
Une fois les règles brisées, que reste-t-il ?
De retour à Wilmington, Dawn et Garrett apprennent à se redécouvrir. Les quatre années passées loin l’un de l’autre ont laissé des cicatrices qu’ils n’avaient pas soupçonnées. Alors qu’ils préparent leur premier Noël ensemble, des doutes ne tardent pas à s’immiscer. Et s’ils faisaient une erreur ?
Entourés par leurs proches, ils vont devoir faire face à la réalité et assumer leurs choix plus tôt qu’ils ne le pensent …
Le soir du 24 décembre les bouleversera à jamais.

Ma note: 8,5/10


   
Après maintes mésaventures, je suis enfin parvenue à me procurer ce livre. Il faut dire que la poste fait des blagues par chez moi. Bref, environ 4 mois plus tard ce beau bébé arrive enfin entre mes mains.

Comment en parler sans spoiler concrètement ? Tentons le tout pour le tout. Du coup, si vous n'avez pas lu Will you play ? Passez votre chemin, vous êtes prévenus.

Nous retrouvons Dawn et Garrett où nous les avions laissés, enfin, à quelques mois près. Leur quotidien s'organise doucement autour d'un événement survenu en tout début de tome.
D'ailleurs, l'entrée en matière nous offre un suspens un chouia angoissant pour notre propre bien.
Si dans l'opus précédent j'avais eu envie de frapper les deux protagonistes, souvent, pour leurs décisions irraisonnées, dictées par leur ego et leur peur.
Ici, j'ai seulement eu envie de secouer Garrett une ou deux fois. Autant dire qu'il y a du progrès. Et je ne peux même pas blâmer le bougre, pas après ce qu'il a vécu... Tout demeure d'une logique implacable dans son comportement. J'ai d'ailleurs fortement apprécié le travail que chacun des personnages fait sur soi. Il y a une maturité nouvelle des plus notable dans ce tome-ci.

On côtoie souvent des personnages de romans pour qui tout fini bien et on ne s'appesantit guère sur le la reconstruction des protagonistes, souvent inachevée en fin de récit. Part-on du principe selon lequel les personnages iront forcément bien après ce final heureux ? Par ce fait, ne fait-on pas fi de ce qui constitue la nature humaine en définitive ?
Là est le soucis, à mon sens. De ce qui est "romancé". Car "c'est ainsi que cela doit être". C'est ainsi que le schéma "éditorial" fonctionne, visiblement. En tant que lecteur, j'apprécie fortement les auteur-trice-s sortant des sentiers battus, pour mieux se rapprocher d'une vision non-fantasmée de l'existence.

Alicia Garnier a su donner cette représentation sans stéréotypes dés son premier roman. Et elle suit cette continuité avec cette novella, nous offrant ainsi, un après réel et tangible auquel il est possible de s'identifier. La résilience est un thème peu abordé, de manière concrète, aurais-je envie de préciser. Mais je crois qu'il est important de l'introduire dans les histoires contemporaines. Surtout quand il est traité avec tant de force et de substantialisme par une autrice telle que Alicia.

Pour finir, j'ajouterais que je n'étais prêt pour cette fin de novella... Je suis véritablement tombé des nues. Comprendrons ceux qui l'on lue. Pour les autres, jetez vous dessus sans plus tarder.

Je crois d'ailleurs que le chapitre de la résilience est loin d'être achevé et j'ai plus que hâte de lire une suite à cet univers.





« Franchement, la vie n’est pas juste, regarde-moi ça ! Il était déjà beau comme un dieu alors qu’à cet âge-là, j’étais plus proche d’un Gremlins que d’un être humain ! s’exclame Misha. » 


« Tu m'as redonné ce souffle de vie qu'il me manquait pour vivre pleinement. »

« On ne sait jamais lorsque notre vie est sur le point de basculer. En bien ou en mal. »

« Ma promenade d’hier soir m’a permis de réaliser deux choses : la première, c’est que j’aime Dawn à un point que je ne saurais décrire ; la seconde, c’est que je ne la connais plus aussi bien qu’avant… et ça m’angoisse. »

« La journée avait pourtant bien commencé. Je suis comblé en tout point, mais comme toujours, lorsqu’on n’y prend pas garde, le destin nous ramène sur terre. Et c’est ce qu’il vient de faire pour moi. La communication a été brève, mais elle a suffi à me paralyser durant plusieurs secondes. »

Intérêts: Retrouvez les personnages qui nous avait tant manqués. Les voir s'apprivoiser de nouveau. Le nouveau quotidien qui s'engage avec les autres personnages secondaires qui s'articulent avec eux.
Regret: Aucun... ah si. À quand la suite ?

Le pacte d'Emma de Nine Gorman



Auteure: Nine Gorman
Édition: Albin Michel

L'histoire:
Je pensais qu'en me lançant dans ce pacte je risquais seulement ma vie, mais c'est ma raison qui est train de s'envoler.
Je l'ai embrassé, mais ce n'est pas ce qui est le plus déraisonnable.
Ce qui l'est, c'est que j'ai aimé ça.

Ma note: 9/10



   
Je pensais avoir tout lu en matière de roman sur les vampires. Je pensais avoir connu l'overdose, noyé sous les clichés et les ressorts scénaristiques redondants.
Comme j'avais tort...
Cela pour plusieurs raisons.
La première et certainement pas des moindres. La plume exceptionnelle de Nine Gorman. L'émotion qu'elle parvient à transmettre m'a bien déstabilisé, alors même que je ne m'attendais à rien, alors même que je croyais m'embarquer dans un roman somme toute, structuré sur des codes déjà vus et usés. Je l'avoue, j'avais peur. Mais j'ai été très vite rassuré.

D'abord avec Emma. Son histoire, son caractère, ses faiblesses, qui, loin d'en faire une pleureuse ou une victime, donne de la force à son personnage. Ici, le danger qui guette n'est pas le monstre sanguinaire dissimulé dans l'ombre, mais bien le mal dont souffre Emma. Un mal invisible qui la ronge chaque jour un peu plus, par la maladie neurodégénérative qui habite son corps et menace d'emporter sa mémoire à tout jamais.
Emma est résignée à perdre ce qu'elle est, jusqu'à sa rencontre avec Andrew Anderson.

C'est à ce moment que je craignais l'arrivée du mythe vampirique flanqué de son cortège de stéréotypes archaïques. Que nenni. Il se trouve flambant neuf et dépoussiéré. Nine Gorman nous offre une vision personnelle et originale du vampire. En effet, elle n'a pas son pareil pour réveiller les morts, détourner tout ce que nous pensions connaître et/ou détester pour mieux l'améliorer, se l'approprier et nous offrir une œuvre unique, entière et achevée.
Les personnages secondaires détiennent également une place de choix dans ce récit captivant. Note spéciale pour Nathan ;)

J'ai été cent fois surpris, ébloui et ému par cette histoire qui vaut tant la peine d'être découverte.
Si vous en avez soupé des vampires, c'est dit LISEZ CE LIVRE !






« Je raccroche, baisse le téléphone, relève doucement mon regard vers Andrew.
Heureusement que tu devait seulement lui dire que tu étais chez toi.
Vous savez, les gens normaux ne disent pas juste ce qu'ils ont prévu de dire, sans tenir compte du contexte de la conversation.
Je le fais bien, moi.
C'est bien ce que je dis : les gens normaux. »

« Becky, apparemment, tu te sens si bien en moi que tu installes petit à petit tes quartiers plus confortablement.

J'aimerais que la réciproque soit vraie, mais ce n'est pas le cas.
Je n'ai jamais mis de paillasson avec écrit "Bienvenue".
Tu es entrée, un jour, sans même frapper.
Mon souhait le plus cher : que tu t'en ailles.
C'est fou d'y songer, mais je crois qu'il existe une solution contre toi, contre la mort ».
 

« La maladie ne se contente pas de détruire la personne par petit bouts : elle grignote aussi le bonheur des proches, le remplaçant par un sentiment d'impuissance et d'abattement ».


« Un jour, lâche-t-il, tu aimeras à nouveau, et j'espère qu'elle te brisera le coeur, pour qu'enfin tu comprennes le mal que tu répands depuis que tu as érigé ce mur entre toi et tes émotions. »



Intérêts: L'histoire. Le personnage d'Emma. Le mythe du vampire revu et corrigé. Becky.
Regret: Le vice de Nine Gorman pour les cliffhangers ou c'est justement tout l’intérêt du roman ?... ;)

Will you play ? d'Alicia Garnier



Auteure: Alicia Garnier
Édition: Hachette

L'histoire: Les règles sont faites pour être brisées...
Alors que sa carrière de galeriste démarre à peine, Dawn rencontre l’homme idéal. Celui qui va l’aimer, la faire se sentir unique et combler toutes ses attentes. Sauf qu’en trouvant l’amour, elle a l’impression d’avoir perdu Garrett, son meilleur ami. Celui qui a grandi à ses côtés, qui partageait avec elle le goût du danger, des paris insensés, et qui apportait le brin de folie qui donnait du sens à sa vie…
Garrett n’en revient pas. Dawn en couple ? Avec ce type ? Monsieur Parfait a beau cocher toutes les cases, il n’a pas la moindre idée du diamant brut qu’est sa meilleure amie... Mais si Dawn ne voit pas que ce type est fade et banal, que peut-il y faire ? Rien. À part trouver, lui aussi, une copine. De préférence une qui causera à Dawn la même peine que celle qu’il ressent… Car tout ça n’est qu’un jeu, non ?

Ma note: 9/10


   
J'ai découvert ce roman sur Wattpad il y a de cela un moment. J'avais suivis les péripéties de nos deux protagonistes au travers de chapitres hebdomadaires, parfois avec ravissement, d'autres fois avec la boule au ventre, mais toujours pétri de la même excitation. La plume d'Alicia à su me maintenir captif au gré des fous rires et des coups de gueule de Dawn et Garrett. Ainsi, c'est avec plaisir que j'ai re-dévoré ce roman, dans sa version papier... en une après midi. #IPleadGuilty
J'ai mis un moment a écrire une chronique sur ce roman, et pour cause, malgré l'aspect léger que cette histoire pourrait revêtir pour certains, il ne faut pas s'y laisser tromper.

Il est question des choix que nous faisons et des conséquences qu'ils peuvent avoir, sur le long terme. Il est question des mensonges que l'on se raconte, pour se rassurer, demeurer dans notre zone de confort. Il est aussi et surtout question de nous mettons en œuvre pour éviter tout risque d'être confronté à l'échec, quitte à se refuser le bonheur qui pourrait en découler.

J'ai eu envie de mettre des gifles à Dawn et Garrett, à de multiples reprises. Hurlant à l'une d'ouvrir les yeux et à l'autre de tourner sept fois sa langue dans sa bouche. L'agacement était là.  Mais, c'est aussi la force d'un-e auteur-e, de parvenir à nous procurer des sentiments ambivalents vis à vis de ses personnages (surtout avec Josh, Monsieur parfait et Claire, l'horreur incarnée).

Et puis, il faut voir au delà. Le propos porté par cette histoire. Pour moi, l'autrice nous rappelle qu'en certaines circonstances, nous sommes architectes de notre propre chute, nos bourreaux intérieurs, tant nous sommes gangrénés par la peur. La peur de perdre ce qui compte le plus pour nous.

Pour moi, ce roman a été un message. Il faut du courage pour s'avouer ce que l'on sait au fond de soi. Il faut du courage pour prendre le risque d'être heureux, quitte à s'écorcher les genoux au passage. Merci Alicia pour ce rappel !



«
— 
Avant de continuer, je tiens à dire à ce même frère que je le déteste. Car il m'avait certifié que je n'arriverais pas à cette partie de mon discours, que Dawn m'aurait déjà "sauté dans les bras", raconte-t-il en mimant les guillemets d'une seule main.
     Derek rigole sur le bord de la scène, pas le moins du monde désolé. Il savait que je ne lâcherais pas aussi facilement. Je suppose qu'il a autant envie que moi que Garrett se ridiculise, et je l'aime encore plus pour ça. C'est lui qui est en train de m'offrir sur un plateau d'argent mon cadeau d'anniversaire. Même si je ne suis pas sûre de vouloir que tout le monde le voie nu, en commençant par celle qui me tient dans ses bras : ma mère.
Donc, vous me connaissez, j'ai fait confiance à mon frère, ceci a été ma première erreur. Et la seconde a été de ne pas écrire un discours plus long puisque celui-ci touche déjà à sa fin. Donc, Dawn, si tu veux sauver le peu de dignité qu'il me reste, c'est maintenant ou jamais. Car je n'ai plus que quelques mots à te dire : joyeux anniversaire, petite démone, alors qu'en dis-tu ? Da-Re de me pardonner malgré tout ? »

«
J'aurais pu choisir une fille sage pour tenir ce rôle-là dans ma vie, une vraie confidente qui m'aurait conseillée avec douceur et aurait compris certaines situations. Mais non, il a fallu qu'un brun aux yeux verts se tape l'incruste et me donne son avis sur tout et n'importe quoi, sans que je lui demande, la plupart du temps. Allez savoir pourquoi je ne l'ai jamais laissé repartir... »
«
Il m'attrape le menton pour me relever la tête, et je suis happée par son regard. Il navigue entre mes lèvres et mes yeux, comme s'il attendait mon ultime permission. La tension entre nous deux est palpable, mais aucun de nous ne bouge. Nous sommes figés dans le temps, enveloppés d'un silence total, troublé uniquement par notre respiration rapide. Je réalise alors que si Garrett m'embrassait, là, tout de suite, je ne le repousserais pas. Cette pensée me fait peur, me fait hésiter. Mais nous nous sommes engagés trop loin pour ne pas aller au fond des choses. Alors je franchis les derniers centimètres. »
«
Respire avec moi !
Comme lorsque nous étions enfants, elle attrape ma main droite, qu'elle arrive à arracher du banc, et la pose sur son épaule. Je m'accroche à elle à tel point que je dois lui faire mal, mais c'est plus fort que moi, je ne maîtrise plus mes gestes. Elle attrape à son tour ma nuque et plaque son front sur le mien, je ferme les yeux. Avec ma main, je sens ses épaules se soulever et son souffle sur mon visage. Elle respire, je respire. Inspire. Expire. Inspire. Expire.
Nos souffles se mélangent, et mon angoisse reflue. Petit à petit, je récupère l'ouïe et les palpitations se calment. Lorsque je suis sûr que la crise est finie, je me recule et observe Dawn. Les joues rouges, elle est aussi essoufflée que moi.
»



Intérêts: L'humour. La complicité des deux protagonistes principaux. L’additivité du roman.
Regret: Claire.

Chroniques Homérides Tome 1 : Le Souffle de Midas de Alison Germain



Auteure: Alison Germain
Édition: Le chat noir
L'histoire: Le jour où une inconnue rend son dernier souffle dans mes bras, je sais que ma vie paisible d’étudiante ne sera plus jamais la même. Au lendemain du drame dont j’ai été le seul témoin, aucune trace du crime n’a été retrouvée, tant et si bien que tout le monde me pense folle, moi la première. Seul un homme me croit, Angus Fitzgerald, détective à la recherche d’une personne qui ressemble trait pour trait à la femme morte sous mes yeux. Alors que ce mystère reste sans réponse, les objets que je touche se transforment en or. Et quand le bel Angus me narre le mythe antique de Midas, ce roi grec qui changeait tout en or, je comprends qu’il en sait bien plus sur ce qui m’arrive. Et aussi sur les dangers qui me menacent. Pour moi, le plus imminent est juste là, dans mes mains. Parce que si pour le détective, je suis bénie des Dieux, je ne vois en ce pouvoir qu’une malédiction…  
Ma note: 9/10


   
J'avais tellement hâte de découvrir ce roman. Moi qui écumais les livres de mythologies grecques par dizaines de kilos étant enfant, ce fut un véritable plaisir de me plonger dans une adaptation des mythes signée Lili.
Le récit est mis en place par petites touches, avec un prologue très intrigant et des premiers chapitres qui épaississent un mystère que l'on tente de percer à jour durant une bonne partie de la narration. Nous glanons concrètement un début d'informations sur tout ce qui constitue l'univers du roman à la fin de celui-ci. De ce fait, je pense que nous sommes partis pour une saga épique qui saura nous ravir dans les prochains tomes.
Ce premier opus nous expose en premier lieu les personnages, sans trop forcer sur l'action. Nous découvrons les proches de l’héroïne, ses liens familiaux, son quotidien, jusqu'à l'élément déclencheur du récit...

Louise, notre protagoniste principale hérite d'un don. Celui de changer ce qu'elle touche en or. Autant dire que ce n'est pas ce qu'il y a de plus pratique pour entretenir une vie sociale. Passé la surprise, que dis-je, le choc, il faut trouver des réponses, tenter de comprendre et surtout, débusquer le moyen de faire revenir tout cela à la normale.
Oui, mais voilà, vous vous en doutez, rien n'est jamais simple quand on se voit léguer le souffle de Midas. La jeune femme devra composer avec un destin qu'elle n'a pas réclamé, son quotidien se trouvant bouleversé par sa nouvelle condition d'homéride.

J'ai apprécié le fait que nous suivions toutes ces péripéties du point de Louise, sans que tout nous soit servi sur un plateau. Je n'ignore pas que certaines personnes ont conçu une certaine frustration de ne pas en apprendre plus quant aux homérides et aux gardiens, mais cela donne une dimension réaliste non négligeable à l'histoire. Après tout, il est même question d'une jeune fille lambda qui se retrouve plongée dans un monde pratiquement onirique pour elle. Ses réactions sont logiques, peur, instinct de conservation, colère, tout y passe. D'une certaine manière, nous avons là un roman initiatique, loin des genres fantasy auxquels nous sommes habitués. Louise prend son envol, mais sans rebondissement capillotracté.

Pour ceux qui ne seraient pas familiers de la mythologie grecque, pas de panique, l'auteure a pensé à tout, semant des notes durant la lecture. Le champ lexical est riche et les références à la culture populaire m'ont plus d'une fois donné le sourire.
Je n'oublie pas un des éléments que j'ai le plus apprécié, Angus. Il n'a pas seulement été le facteur de beaucoup de réponses au sujet des homérides, le guide durant le récit, mais également le sujet de beaucoup d'autres questions.
Quand à l'antagoniste, nous en apprenons peu sur lui, mais son imagination sadique me plait assez pour que j'espère le revoir très bientôt dans le prochain tome.
En conclusion, ce premier roman est une réussite de mon point de vue et je gage que nous n'aurons pas un instant de répit concernant la suite.



«
— Vous êtes plus vieux que vous en avez l’air, ai-je raison ?
— Votre perspicacité m’impressionne, Louise, avoua-t-il avec honnêteté, même si je déteste l’idée que vous me trouviez vieux. C’est exact, je suis né le 24 mai 1891.
— Mille-huit-cent quatre-vingt-onze ?! La vache !
Ma réaction le fit rire. Découvrir qu’il avait plus de cent ans me scia les pattes, je ne fus cependant pas surprise d’apprendre qu’il était gémeau. Cela expliquait ses changements brusques de tempérament. Si on croyait à ces choses-là bien sûr. »


« Certains jours, j'avais carrément l'impression d'évoluer en pleine série télé des nineties. Charmed ou Buffy contre les vampires par exemple. Pour un peu, je m'attendais à voir Phoebe Halliwell venir se procurer quelques cristaux protecteurs dans mon échoppe, ou bien Alex et Willow se préparer en vue d'une attaque de démons dans le cimetière le plus proche. »

«
Non, mais tu peux pas faire attention! hurla Marshall, en plus d'être complètement timbrée, t'as de la merde dans les doigts! C'est pas possible d'être aussi... Non, mais t'as vu la tache que t'as faite?
[...]
J'ai pas fait exprès idiot, c'est pas en criant aussi fort que t'es con que ça va changer quelque chose! »

«
[...] Qui aurait cru qu'une crevette comme vous en avait autant dans le ventre?
Je haussai un sourcil.
Vous essayer de me faire rire?
il sourit.
Est-ce que ça marche?  »

«
Je transforme tout ce que je touche, Nimue ! D'abord le livre, les papiers qui traînaient dans mon sac, mes clefs et mes Doc Martens !
Mon amie hocha la tête en pinçant les lèvres.
Au moins elles sont collector maintenant, je suis sûre que tu peux en tirer un bon prix sur eBay... »



Intérêts: L'évolution de l'héroïne principale. Son duo avec Angus L'univers mythologique adroitement mêlé à notre monde. L'humour.
Regret: Pas assez de temps avec le méchant. Le roman met un certain temps à démarrer.

#PayeTonAuteur

En ce moment, le #PayeTonAuteur tourne beaucoup, beaucoup BEAUCOUP sur Twitter.
Il évoque le fait que les auteur-e-s ne sont pas rémunéré-e-s lors de leurs interventions en salon. Animer un atelier ou une table ronde relève donc du bénévolat pur et simple, avec l'idée sous-jacente selon laquelle l'auteur-e devrait s'estimer heureu-x-se de pouvoir participer à un tel événement ; s'estimer heureu-x-se de pouvoir venir faire sa « promo ».

Pour moi, une telle attitude de la part d'un salon du livre est une honte. C'est se faire de la main d’œuvre gratuite. C'est de l'exploitation. N'ayons pas peur des mots, l'heure n'est plus aux subtilités de langage.

Ici nous parlons particulièrement du salon du livre de Paris, dont l'entrée est, rappelons-le, payante. Ce même salon a décidé de ne pas rémunéré tous ces auteurs...
En parcourant les nombreux tweets qui mentionnent #PayeTonAuteur, j'avoue avoir été à moitié étonné de la triste réalité. Je vous laisse en découvrir quelques uns:








J'ai été à peine surprise pour la simple raison qu'avant d'être autrice auto-éditée, j'étais, je suis toujours, graphiste illustratrice et photographe.
Je ne vous compte pas le nombre de fois où j'ai entendu des sentences telles que :

« Mais ça te fera de la pub ».
« C'est ta passion, donc c'est pas un vrai métier »
« Bah être payé pour ce que tu aimes faire, c'est un bonus non ? »
« Tu pourrais me faire un petit truc pour voir si ce que tu fais me plait ».

De façon cynique, j'use désormais d'une phrase que j’abhorre quelque peu : le temps c'est de l'argent. Une réalité.
Car oui, nous auteur-e-s de tous horizons (Illustration, littérature, sound design, traduction, relecture, etc..), il est une chose qui nous est commune : nous sommes des êtres humains. Des humains avec des besoins élémentaires, comme manger, se loger, se vêtir, investir pour l'avenir et parfois même – soyons fous – prendre des vacances.
L'auteur-e n'est pas un animal féérique, telle une licorne, bon à pondre des récits épiques, se nourrissant uniquement d'amour et d'eau fraîche. C'est comme si les artistes qui passent au Hellfest (célèbre festival de musique métal annuel) n'étaient pas rémunérés pour venir jouer sur scène et devaient "s'estimer heureux" d'avoir de la visibilité.
C'est quoi ce monde absurde qui joue sur le chantage de la "visibilité"? Parce qu'il existe pourtant une mathématique simple et inaliénable:

Prestation = Travail = Salaire

Quand on sait que le pourcentage moyen que touche un auteur par œuvre se trouve entre 7% et 12% (large fourchette)... entendez que la vie de milliardaire n'est pas pour demain.

Sur quelle planète vivons nous ? Celui où un des plus gros événement littéraire français décide de ne pas rémunérer ses auteur-e-s, et ce dans la plus grande décontraction ?
Croyez-moi, ça ne se fera pas dans le silence. Ils vont entendre parler du pays ! 
Que vous soyez auteur-e, lecteur-trice, booktubeur-euse ou que vous souhaitiez soutenir le mouvement, n'hésitez pas à aller faire un tour sur twitter.
Et surtout, Usez et à abusez du Hashtag #PayeTonAuteur.




Bleu&Rouge, Tome 2: Johann de K.Héva



Auteure: K.Héva
Édition: TheBookEdition
L'histoire: Les épreuves et l’éloignement n’y ont rien fait. Johann et Thomas sont de nouveaux ensembles et réapprennent à se connaître. Johann a décidé de consacrer sa vie à rendre le monde plus juste et moins cruel.
Quant à Thomas, c’est la réincarnation de Tlaloc et il a fort à faire pour concilier sa vie sentimentale et sa nature démoniaque. D’autres immortels ont traversé les millénaires et Tlaloc ne s’est pas fait que des alliés parmi eux.
Ma note: 9/10


   Après avoir replongé dans l'univers de Bleu&Rouge en relisant le tome 1 dans sa dernière version, j'ai pu dignement enchainer sur ce second opus. Pour tout avouer, j'ai dû dévorer les deux tomes en trois jours tellement cette saga est un véritable page turner.
J'ai donc retrouvé Johann et Thomas avec plaisir et j'avais particulièrement hâte de connaitre leur évolution dans ce roman. Surtout celle de Johann. Le roman porte son nom après tout et on se concentre davantage sur lui.
   Nous entrons dans la partie la plus sombre de l'histoire, la dimension surnaturelle est présente à tous les niveaux et ce qui nous raccroche encore à l'humanité dans sa prime essence, c'est bien ce cher Johann. Johann et ses ambitions, ses désirs et ses rêves d'humain. J'ai souvent eu envie de le secouer dans le premier tome. Quand il piquait ses crises comme un enfant gâté. Je n'ai donc pas boudé mon plaisir de le voir enfin gouter à la maturité, même si cela se fait au prix de certains déboires.
   Ne dis-t-on pas que l'on apprend dans la douleur ?
   Et ce que suggère ce roman, c'est que les obstacles et la fatalité ne comptent pas en rester là avec nos deux héros. Les personnages évoluent et s’entrechoquent. Si nous allons plus loin dans l'aspect fantastique du récit, l'enfer est plus proche à chaque page, la réalité plus dure, ce qui ne dénature pas pour autant la pureté des émotions qui sont retranscrites par l'auteure.
   Si elle met autant de talent à nous les transmettre, on notera aussi son amour indéniable pour les sciences et sa manière de composer son univers littéraire en conjuguant les deux.
J'ai beaucoup apprécié le principe de ces personnages mystiques expliqués de façon scientifique. L'ether, la matière noire, les atomes et les électrons. Le spirituel devient science et donne pour une fois un aspect original à cette thématique.
   Pour en revenir à Johann, le tome porte bien son nom, car c'est de l'évolution de Johann dont il est davantage question. J'ai adoré le voir changer, réaliser, trébucher et se relever.  Thomas reste très présent, le brouillard se dissipe sur son passé, son autre vie et c'est au travers d'une pléthore de nouveaux personnages que nous découvrons qui est Tlaloc.
   Le doute n'est plus permis, cette saga vaut largement le détour. À quand le clou du spectacle avec Némésis ?



«
Il reste placide et me fixe à nouveau avec mes yeux. Il me dévisage un moment puis il se décide à répliquer.
— J'aime Johann. J'imagine que c'est un concept qui t'échappe. Alors qu'est ce que ça pouvait te faire qu'on soit ensemble ? Si tu ne t'étais pas acharnée sur nous de cette manière, il serait effectivement sur ce plateau en train de brasser des millions pour ta plus grande fierté.
— Tu m'en as fait une fiotte ! Tu l'as contaminé avec ton sentimentalisme dégoulinant de fleurs bleues !
Il se lève et me surplombe, le temps d'une seconde j'ai cru qu'il allait faire voler mon bureau à travers la pièce. Sa voix tonne entre mes cloisons.
— Qu'est ce que ça pouvait te faire ? Ça ne te regardait en rien !
Je me retiens de croiser les bras sur ma poitrine pour ne pas lui montrer que je me suis sentie agressée et demeure les mains bien vissées sur les accoudoirs de mon fauteuil.
— Je croirais entendre ton père. L'amour est plus fort que tout, hein ? La jeunesse vous rend trop fougueux, mais un matin il se réveillera à tes côtés et il te haïra d'avoir eu la faiblesse de te laisser détruire sa vie. Si tu l'aimais tant que ça, tu l'aurais laissé tranquille, mais tu es égoïste et destructeur. Tu ne le rendras jamais heureux, profites en tant qu'il est assez naïf pour avaler tes conneries mièvres. Un jour, il te haïra.
Mes ongles s'enfoncent dans le cuir du fauteuil.
— Mais ça n'aura plus aucune importance puisque tu auras fichu sa vie en l'air.

»

«

— C'est une belle âme que tu as là. Qu'est ce que tu fabriques avec lui ?
— Qu'est ce que ça peut te foutre ?
Le voici qui dispense sa compassion à mon bien aimé. Il lui caresse le visage comme si c'était un agneau. Il se prend pour le messie. il faut que je détourne son attention de Johann.
— Qu'est ce que tu me veux ?
— Tu me poses sérieusement cette question ?
— Je ne reviendrais pas si c'est à ça que tu penses.
Il lève un sourire tout en affichant son sourire d'abruti supérieur.
— Je me doutais que tu dirais ça, mais je ne vais pas te permettre de te la couler douce à mes dépends. Nettoyer la merde de l'humanité, c'est ton job, pas le mien.
Ça doit bien lui taper sur les nerfs, Monsieur Perfection abandonne son langage châtié.
— Et bien au moins tu peux te rendre compte au plus juste de ce que valent tes petits protégés.
Il resserre ses mains autour du buste de Johann, j'aurai mieux fait de me taire.
— Je suis le premier des séraphins, je n'ai pas à m'abaisser à ce genre de besogne. C'est toi qui a fait vœu de nourrir l'enfer, pas moi.
»

«
Oh putain... il se recroqueville et se met à sangloter !  Tlaloc chiale putain de bordel de merde, c'est l'apocalypse ou quoi ? Il fait sa crise des dix mille ans c'est ça ?
 »


Intérêts: L'évolution des personnages. L'univers fantastique approfondi. La plume de l'auteure.
Regret: Certaines attentes de Thomas par rapport à Johann. Je n'ai pas le tome 3 en mains, c'est un scandale !