Attirance tome 1: Le baiser des Sirènes de Anne Greenwood Brown








"De tout l’hiver, je n’avais tué personne. Et je dois dire que je ne m’en portais pas plus mal. L’envie était là, bien sûr, mais trop de noyades suspectes multipliaient les ragots".







Auteur : Anne Greenwood Brown
Éditeur : Milan Eds
Collection : Macadam
Synopsis : Calder White vit dans les eaux froides du lac Supérieur. Il est le seul mâle d'une fratrie de sirènes. Pour survivre, les sirènes n'ont d'autre choix que de se nourrir d'énergie vitale humaine, donc de tuer. Mais Calder est convaincu qu'une autre manière de survivre est possible. Il veut arrêter de tuer et se ""sevrer"". Or, cet été, ses soeurs projettent de tuer Jason Hancock,? L'homme jugé responsable de la mort de leur mère. Pour attirer Hancock près du lac, on confie à Calder la tâche de se rapprocher de ses filles.
Ma note : 10/10




ᚠ 
MON AVIS

Après avoir lu une critique enjouée de LiliBouquine, j'ai voulu me laissé tenté par ce livre. Car il faut bien l'avouer, j'ai lut quantité de livres sur des créatures fantastiques (Vampires, loups-loups, sorciers, nephilim et compagnie) et j'avais peur, depuis la petite sirène, je n'avais encore jamais eu affaire à une histoire de Triton. Un des points fort de ce roman à mon sens : le narrateur, Calder, un jeune triton qui, s'il est loin d'être naïf, est assez peu commun avec l'univers des humains. Nous sommes complètement convaincu par ce personnage dans sa manière d'appréhender ce qui l'entoure, ce qu'il vit et ressent.

Si certaines personnes ont trouvé l'introduction du roman assez longue, je l'ai trouvé fascinante pour ma part, je n'ai rien contre les longues descriptions et les introspections poussées tant qu'elles sont pertinentes pour la suite. Et c'est pour dire que j'ai rarement rencontrer de personnages aussi intéressant que ce Calder. On est bien souvent fatigué de lire les mêmes choses sur les créatures fantastiques. Entre le vampire qui à mal à la vie dans sa trop longue existence, le loup-garou solitaire et les jeunes filles naïves et fades qui tombent sous le charme de la créature sous couvert de réflexions égocentriques et infantiles, bref il est souvent rare de trouver des scénarios et des héros qui sortent du lot. En fait, j'ai trouvé Calder en accord parfait avec la nature et sa condition de Triton mais c'est son détachement des notions humaines qui m'a vraiment plut, son naturel coulait de source si je puis dire. Aussi fluide que l'écriture de l'auteur.

Comme toute adaptation d'un univers fantastique, il y a un approfondissement personnel de l'écrivain. Anne Greenwood Brown décrit sa mythologie des sirènes. Des créatures aux conditions de vie et au régime alimentaire assez particulier, ce qui en fait des êtres plutôt malveillants et calculateurs, voir cruels. L'histoire se centre sur la vengeance, Calder et ses sœurs obéissent à une vieille rancœur de plus de quarante ans qui les conduisent jusqu'à la famille Hancock. C'est là qu'il rencontre Sophie et Lily, les filles de Jason Hancock. Si la romance fait partie intégrante du tableau, elle est bien loin en arrière plan, suggérée juste ce qu'il faut et non pas pivot essentiel de la trame. Une première pour un roman Young-Adult qui lâche habituellement des caisses de guimauves à ne plus savoir qu'en faire.
D'un certain côté le point de vue qu'apporte Calder, donne une dimension plus adulte à cette histoire, ses doutes et sa remise en question nous permettent de vraiment nous attacher à lui. Et j'ai beaucoup aimé l'héroïne dans sa manière de la regarder.

L'intrigue principale reste surprenante et le suspens est là, j'ai vraiment plongé à corps perdu dans ce roman, c'est le cas de le dire. Je vous le recommande sans réserve, surtout si vous êtes allergique aux histoires communes de romance fantastique vue et revue. C'est rafraîchissant, palpitant, un vrai bijou.


EXTRAITS

« Je fonçai comme une fusée vers la surface, bondissant à plus de trois mètres hors de l'eau et atterrissant sur la roche en un saut plus spectaculaire que n'importe quelle pirouette de baleine dans un parc aquatique.

Maris nous regarda sans la moindre expression.

Le visage et les épaules nues de Lily étaient encore incrustés de grains de sable arrachés au grès de la roche. Je collai mes lèvres aux siennes et soufflai. Rien. Je soufflai une deuxième fois. Puis une troisième. Elle se cambra et suffoqua avant de recracher une fontaine d'eau. Ma queue argentée heurta violemment la pierre. Maris m'enjamba et jeta sa veste sur la tête de Lily. Inutile qu'elle voie le monstre se contorsionner près d'elle ».


« Fourrant mon portable dans ma poche, je me levai en esqui­vant de la tête le compartiment à bagages et fis signe au petit garçon de passer. Il traîna son sac à dos derrière lui, le cognant un peu partout. Le personnel de bord m'adressa des sourires éclatants à la sortie. J'aurais pu détourner la tête pour me pro­téger de leur éventuel pouvoir d'attraction mais ils n'irradiaient aucune couleur. Aucune émotion sincère ne se dégageait d'eux.
Sur la passerelle, un vent vif filtrait à travers les parois rétrac­tables. On aurait aussi bien pu être en janvier. Maudissant Maris, j'enfilai l'un après l'autre les couloirs de l'aéroport jusqu'au terminal Lindbergh. Inutile de m'arrêter au carrousel à bagages : tout ce que je possédais se trouvait soit sur moi, soit dans mon sac à dos. Pantalon, short, sandales miteuses, sweat, deux tee-shirts élimés, montre de plongée, portable et casquette de baseball. Mes sœurs étaient un peu mieux four­nies, mais pas tant que ça. On voyageait léger dans la famille.
Raidissant les bras, je me mis à danser d'un pied sur l'autre pour me réchauffer. Toutes les trente secondes, je regardais ma montre. J'ignorais dans quelle voiture elles allaient arriver mais quand j'aperçus une vieille Chevrolet Impala déboîter au milieu de la file de voitures à moitié arrêtées, je les reconnus aussitôt. Je me demandai avec consternation où elles avaient bien pu la dénicher. La voiture paraissait en assez bon état - bien meilleur que celui de la Dodge Omni de l'été dernier. Le propriétaire était sûrement hébété quelque part, victime des dons d'hypnose de mes sœurs. Il aurait conscience d'avoir perdu quelque chose, mais quoi, déjà ?
Tallulah et Pavati avaient baissé leur vitre et passé la tête par la fenêtre. Elles me souriaient à pleines dents. Les longs che­veux noirs de Pavati ondulaient en vagues désordonnées devant son visage ; les cheveux plus courts de Tallulah retombaient bien droits, formant un épais rideau blond doré. Secouant la tête pour marquer ma désapprobation face à leur mauvais goût en matière de propriété volée, je grimpai sur le siège arrière à côté de Tallulah. Elle me colla un solide baiser sur la joue ».


INTERETS : La personnalité de Calder, la mythologie des sirènes, la mise en place de l'intrigue et les révélations.
REGRETS : Trop court !

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